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Comment la disparité entre les sexes dans la productivité agricole se produit-elle et pourquoi ?
Le rôle que les femmes jouent dans l'agriculture varie selon la région et le pays.
Dans les pays en développement, la répartition du travail selon le genre attribue aux femmes diverses tâches dans différents domaines (petite agriculture, élevage de bétail et travaux ménagers) si bien qu’elles sont chargées de répondre à des besoins fondamentaux et d’assurer la survie de la famille.
Les femmes assument d’importantes activités dans le domaine de la production alimentaire pour la famille. Ces activités vont de la gestion des semences à la culture de produits agricoles, au stockage, à la transformation et à la commercialisation de certains produits. Dans les petites exploitations agricoles pratiquant une économie de subsistance, leur rôle est particulièrement important dans la mesure où les hommes s’intéressent plus à la production marchande.
Et pourtant, leur rôle dans la sécurité alimentaire est encore très peu reconnu ou pris en considération par les institutions. De plus, les données ventilées par sexe demeurent insuffisantes pour pouvoir chiffrer exactement les contributions apportées par les femmes à la production agricole. Ces données associées à des études sur le terrain, des évaluations rurales participatives et des analyses selon les genres permettent de tirer des conclusions relatives au nombre et à la nature des multiples rôles joués par les femmes dans le contexte de la production agricole et de la sécurité alimentaire.
Dans les systèmes de production en Afrique de l’Ouest, les femmes constituent la main d’œuvre par excellence surtout en ce qui concerne le coton conventionnel. En plus des tâches domestiques qu’elles doivent assurer quotidiennement, elles interviennent dans le semis, le sarclage (coton et céréales de l’exploitation) et surtout la récolte du coton où la qualité de leur travail est de plus en plus reconnue. Par conséquent elles ont peu de temps à consacrer à leurs parcelles individuelles dans lesquelles elles cultivent les spéculations nécessaires à la survie de la communauté (céréales, légumineuses, produits maraîchers)
La différence la plus flagrante entre hommes et femmes dans la culture conventionnelle du coton se situe à l’échelle de l’accès aux moyens de production et aux coopératives de production de petits exploitants, qui assurent la distribution des engrais minéraux et des pesticides de synthèse. Pour des raisons culturelles et sociales, les femmes n’ont pas accès à ces coopératives de producteurs de coton. Les structures coopératives sont dominées pour la plupart par les hommes et elles ne prennent pas en compte les besoins des femmes.
Néanmoins, dans la plupart des zones, des groupements féminins existent, mais ils sont moins structurés et ne disposent pas de pouvoir pour influencer les prises de décision.
Malgré les avancées dans certains pays, l’inégalité des genres perdure de bien des façons et compromet la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations.
Il est donc important de rendre visible l’apport des femmes et d’accorder une priorité bien plus grande à la participation accrue de celles-ci à la production commerciale (cultures de rente). La sécurité alimentaire ne peut rester dans une approche « neutre des besoins » qui ne prend pas en considération de manière spécifique les situations sociales et les droits des femmes et des hommes.
Quelles sont les implications de cet écart entre les sexes, en particulier pour les femmes ans l'agriculture de subsistance ?
La disparité entre les sexes dans la productivité agricole entraîne de multiples problèmes pour les femmes surtout dans les systèmes de production coton des pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Togo et le Bénin entre autres.
Ces problèmes sont notamment les suivants :
L’absence des femmes des instances de décision: Dans la plupart des pays membres de l’Association des Producteurs de Coton Africains AProCA, il est constaté de façon criarde l’inexistence des femmes dans les instances de décision des coopératives et groupements de producteurs de coton de la base au sommet (des coopératives de base aux faîtières). L’AProCA regroupe 15 pays producteurs de coton en Afrique de l’Ouest et du Centre et les femmes sont absentes des instances de prise de décision des coopératives des pays membres ;
Faible niveau d'organisation des femmes: faible niveau de structuration des groupements féminins qui n'arrivent pas à trouver des solutions aux problèmes réels de leurs membres (faibles capacités de communication, de négociation et de leadership);
Un bas niveau deformation : Le faible niveau d’éducation des femmes complique leur formation et limite leur participation à la gestion des coopératives ;
Faible accès à la terre : Dans le système coton en général, les femmes disposent de droits fonciers précaires : l’accès à la terre pour les femmes productrices relève du droit foncier traditionnel dans lequel elles n’ont qu’un droit d’usage sur les terres ;
Faible prise en compte des besoins en intrants, par les chefs d'exploitation et les coopératives villageoises: les parcelles personnelles des femmes concernent surtout des spéculations comme l'arachide, le niébé ou parfois les céréales pour lesquelles les besoins en intrants ne sont pas pris en compte par les structures d'encadrement et de surcroît par les coopératives villageoises;
Faible niveau d’équipement, engendrant des retards par rapport au calendrier agricole à respecter : les parcelles des femmes sont en général labourées en retard et très grande majorité des productrices déclare avoir des difficultés à collecter et à amener sur le champ la matière organique nécessaire à la fertilisation (plusieurs tonnes par hectare), faute de matériel de transport.
Faible accès aux crédits : les systèmes classiques de crédits de soutien à la production agricole ne favorisent pas l'accès des femmes aux services financiers;
Faible niveau d'information et de technicité des femmes : les approches et la plupart des modules de formation ne tiennent pas compte des spécificités liées au genre ;
Encadrement insuffisant et inadapté des femmes, faible diffusion des résultats de recherche et des semences améliorées;
Surcharge des femmes : compétition entre travaux domestiques, champs collectifs, parcelles individuelles;
Difficultés d'écoulement, de conservation et de transformation des produits agricoles ;
Répartition inéquitable des revenus des exploitations cotonnières : peu de chefs d'exploitations procèdent à une répartition équitable des revenus issus de la commercialisation du coton. Ce facteur engendre la démotivation des femmes et des jeunes qui travaillent le plus sur les parcelles.
Comment ces réalités sont-elles intégrées dans les interventions et les projets visant à réduire l'écart entre les sexes dans la productivité agricole et à relever les défis de l'agriculture de subsistance ?
Cas des projets de production du coton biologique et bio-équitable: Face à la crise de la filière du coton conventionnel, le développement de la production de coton bio-équitable a représenté une possibilité de diversification agricole. L’intérêt des femmes pour cette culture illustre cette recherche de revenus complémentaires, qui leur est indispensable pour assumer une partie des charges familiales. Cependant, la fragilité des dimensions économiques et environnementales de la filière risque de mettre en péril les avantages acquis dans ce cadre.
Selon les recherches effectuées, de nombreuses femmes déçues de la culture conventionnelle optent pour la culture biologique du coton. Les campagnes de promotion de la culture et les groupes de travail les intègrent en leur confiant une parcelle de terre, où elles peuvent prendre des décisions librement. Les graines et fertilisants que requiert la culture biologique du coton pour contrôler les parasites sont disponibles sur place et nettement moins onéreux que les produits de synthèse. Comme les moyens de production ne sont pas entre les mains de grandes entreprises et sociétés cotonnières, les femmes ne sont plus assujetties aux coopératives de producteurs dominées par les hommes pour se procurer la semence et les fertilisants dont elles ont besoin.
Par ailleurs, le marché du coton biologique garantit des prix bien supérieurs en raison des primes et de la vente garanties des récoltes, qui assurent des rentrées d’argent régulières et constituent finalement l’argument décisif en faveur de la culture biologique.
Dans le cadre de la filière coton biologique et bio-équitable, les inégalités de genre sont ainsi amoindries par notamment, la mise en place de crédits d’équipement bonifiés pour les femmes, l’organisation de sessions de formation spécifiques par les projets intervenant dans le domaine (Benin, Burkina Faso, Mali, Sénégal), une meilleure organisation de la ccommercialisation.
Cas du projet C4CP: Dans les interventions de ce projet la dimension genre a été prise en compte, notamment dans les modules de formation qui sont genre sensibles.
Le projet à installé 22 champs de démonstration à dominance femmes dans les 4 pays pour tester les modules innovants genre sensibles sur les BPA (Bonnes Pratiques Agricoles) et les activités de post-récolte (PR).
A travers ces installations des champs de démonstration, il a été démontré qu’avec un accompagnement léger, la femme peut surmonter beaucoup de ces contraintes pour lui permettre de mieux produire et d’améliorer ses revenues et son bien-être social.
Aussi, l’organisation d’un atelier régional à Bamako sur l’accès des femmes aux ressources productives a permis d’analyser les contraintes et de proposer des solutions idoines.
Quelles initiatives réussies sur l’augmentation de la productivité agricole des femmes pourraient être amplifiées par la BAD ?
Dans le système coton, la BAD devrait s’intéresser au développement de la culture biologique, non seulement du coton, mais des autres spéculations réservées aux femmes (céréales, soja, sésame, arachide, niébé notamment). Ces cultures permettront de procurer des revenus additionnels aux femmes et de préserver notre environnement.
Le développement de ces cultures passe par :
L’amélioration de la productivité agricole à travers les propositions de la recherche ;
La mise en place de lignes de crédits bonifiés pour les femmes ;
La facilitation de l’accès des femmes aux équipements agricoles ;
La formation des femmes sur les itinéraires techniques par l’appui à l’élaboration de modules genre sensibles ;
L’organisation de la commercialisation au niveau régional entre les différents pays afin que les femmes tirent un meilleur profit de leurs produits ;
L’organisation de la filière céréalière surtout les aspects liés à la commercialisation et la valorisation des excédents. L'organisation des filières céréalières est d'une grande importance, afin que les producteurs et productrices trouvent des meilleurs prix. À ce titre les banques de céréales et les magasins de stockage villageois méritent une attention particulière. Aussi, la valorisation des excédents de céréales pourrait se faire à travers la transformation du maïs et l’amélioration de l’alimentation de la volaille dans un système d’aviculture amélioré
L’appui à l’émergence de femmes rurales leaders dans l’agriculture en favorisant leur participation aux instances de décision des coopératives et groupements de producteurs.
Aussi, la BAD devrait collaborer avec les Etats pour l’application des politiques de facilitation de l’accès des femmes aux ressources productives à travers un système innovant d’accès des femmes au crédit.
Une des actions pouvant favoriser l’accès des femmes aux ressources productives est le renforcement du leadership féminin à travers les associations et des coopératives de femmes formelles et dynamiques. Les femmes productrices leaders pourraient constituer des groupes de pression à différents niveaux (village, national, régional) pour la levée des contraintes à la productivité agricole.
Seules des femmes rurales formées, informées, ayant confiance en elles-mêmes et en leurs capacités (self-confiance et self-estime), regroupées au sein d’organisations fortes, pourront relever les défis qui sont des entraves à la productivité agricole.
L’égalité des sexes et transformation de l'agriculture africaine
Soumis par Tata Djire COULIBALY le mar, 27/06/2017 - 15:03 Permalien
Comment la disparité entre les sexes dans la productivité agricole se produit-elle et pourquoi ?
Le rôle que les femmes jouent dans l'agriculture varie selon la région et le pays.
Dans les pays en développement, la répartition du travail selon le genre attribue aux femmes diverses tâches dans différents domaines (petite agriculture, élevage de bétail et travaux ménagers) si bien qu’elles sont chargées de répondre à des besoins fondamentaux et d’assurer la survie de la famille.
Les femmes assument d’importantes activités dans le domaine de la production alimentaire pour la famille. Ces activités vont de la gestion des semences à la culture de produits agricoles, au stockage, à la transformation et à la commercialisation de certains produits. Dans les petites exploitations agricoles pratiquant une économie de subsistance, leur rôle est particulièrement important dans la mesure où les hommes s’intéressent plus à la production marchande.
Et pourtant, leur rôle dans la sécurité alimentaire est encore très peu reconnu ou pris en considération par les institutions. De plus, les données ventilées par sexe demeurent insuffisantes pour pouvoir chiffrer exactement les contributions apportées par les femmes à la production agricole. Ces données associées à des études sur le terrain, des évaluations rurales participatives et des analyses selon les genres permettent de tirer des conclusions relatives au nombre et à la nature des multiples rôles joués par les femmes dans le contexte de la production agricole et de la sécurité alimentaire.
Dans les systèmes de production en Afrique de l’Ouest, les femmes constituent la main d’œuvre par excellence surtout en ce qui concerne le coton conventionnel. En plus des tâches domestiques qu’elles doivent assurer quotidiennement, elles interviennent dans le semis, le sarclage (coton et céréales de l’exploitation) et surtout la récolte du coton où la qualité de leur travail est de plus en plus reconnue. Par conséquent elles ont peu de temps à consacrer à leurs parcelles individuelles dans lesquelles elles cultivent les spéculations nécessaires à la survie de la communauté (céréales, légumineuses, produits maraîchers)
La différence la plus flagrante entre hommes et femmes dans la culture conventionnelle du coton se situe à l’échelle de l’accès aux moyens de production et aux coopératives de production de petits exploitants, qui assurent la distribution des engrais minéraux et des pesticides de synthèse. Pour des raisons culturelles et sociales, les femmes n’ont pas accès à ces coopératives de producteurs de coton. Les structures coopératives sont dominées pour la plupart par les hommes et elles ne prennent pas en compte les besoins des femmes.
Néanmoins, dans la plupart des zones, des groupements féminins existent, mais ils sont moins structurés et ne disposent pas de pouvoir pour influencer les prises de décision.
Malgré les avancées dans certains pays, l’inégalité des genres perdure de bien des façons et compromet la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations.
Il est donc important de rendre visible l’apport des femmes et d’accorder une priorité bien plus grande à la participation accrue de celles-ci à la production commerciale (cultures de rente). La sécurité alimentaire ne peut rester dans une approche « neutre des besoins » qui ne prend pas en considération de manière spécifique les situations sociales et les droits des femmes et des hommes.
Quelles sont les implications de cet écart entre les sexes, en particulier pour les femmes ans l'agriculture de subsistance ?
La disparité entre les sexes dans la productivité agricole entraîne de multiples problèmes pour les femmes surtout dans les systèmes de production coton des pays comme le Mali, le Burkina Faso, le Togo et le Bénin entre autres.
Ces problèmes sont notamment les suivants :
Comment ces réalités sont-elles intégrées dans les interventions et les projets visant à réduire l'écart entre les sexes dans la productivité agricole et à relever les défis de l'agriculture de subsistance ?
Cas des projets de production du coton biologique et bio-équitable: Face à la crise de la filière du coton conventionnel, le développement de la production de coton bio-équitable a représenté une possibilité de diversification agricole. L’intérêt des femmes pour cette culture illustre cette recherche de revenus complémentaires, qui leur est indispensable pour assumer une partie des charges familiales. Cependant, la fragilité des dimensions économiques et environnementales de la filière risque de mettre en péril les avantages acquis dans ce cadre.
Selon les recherches effectuées, de nombreuses femmes déçues de la culture conventionnelle optent pour la culture biologique du coton. Les campagnes de promotion de la culture et les groupes de travail les intègrent en leur confiant une parcelle de terre, où elles peuvent prendre des décisions librement. Les graines et fertilisants que requiert la culture biologique du coton pour contrôler les parasites sont disponibles sur place et nettement moins onéreux que les produits de synthèse. Comme les moyens de production ne sont pas entre les mains de grandes entreprises et sociétés cotonnières, les femmes ne sont plus assujetties aux coopératives de producteurs dominées par les hommes pour se procurer la semence et les fertilisants dont elles ont besoin.
Par ailleurs, le marché du coton biologique garantit des prix bien supérieurs en raison des primes et de la vente garanties des récoltes, qui assurent des rentrées d’argent régulières et constituent finalement l’argument décisif en faveur de la culture biologique.
Dans le cadre de la filière coton biologique et bio-équitable, les inégalités de genre sont ainsi amoindries par notamment, la mise en place de crédits d’équipement bonifiés pour les femmes, l’organisation de sessions de formation spécifiques par les projets intervenant dans le domaine (Benin, Burkina Faso, Mali, Sénégal), une meilleure organisation de la ccommercialisation.
Cas du projet C4CP: Dans les interventions de ce projet la dimension genre a été prise en compte, notamment dans les modules de formation qui sont genre sensibles.
Le projet à installé 22 champs de démonstration à dominance femmes dans les 4 pays pour tester les modules innovants genre sensibles sur les BPA (Bonnes Pratiques Agricoles) et les activités de post-récolte (PR).
A travers ces installations des champs de démonstration, il a été démontré qu’avec un accompagnement léger, la femme peut surmonter beaucoup de ces contraintes pour lui permettre de mieux produire et d’améliorer ses revenues et son bien-être social.
Aussi, l’organisation d’un atelier régional à Bamako sur l’accès des femmes aux ressources productives a permis d’analyser les contraintes et de proposer des solutions idoines.
Quelles initiatives réussies sur l’augmentation de la productivité agricole des femmes pourraient être amplifiées par la BAD ?
Dans le système coton, la BAD devrait s’intéresser au développement de la culture biologique, non seulement du coton, mais des autres spéculations réservées aux femmes (céréales, soja, sésame, arachide, niébé notamment). Ces cultures permettront de procurer des revenus additionnels aux femmes et de préserver notre environnement.
Le développement de ces cultures passe par :
Aussi, la BAD devrait collaborer avec les Etats pour l’application des politiques de facilitation de l’accès des femmes aux ressources productives à travers un système innovant d’accès des femmes au crédit.
Une des actions pouvant favoriser l’accès des femmes aux ressources productives est le renforcement du leadership féminin à travers les associations et des coopératives de femmes formelles et dynamiques. Les femmes productrices leaders pourraient constituer des groupes de pression à différents niveaux (village, national, régional) pour la levée des contraintes à la productivité agricole.
Seules des femmes rurales formées, informées, ayant confiance en elles-mêmes et en leurs capacités (self-confiance et self-estime), regroupées au sein d’organisations fortes, pourront relever les défis qui sont des entraves à la productivité agricole.