Ma petite expérience de terrain m’a permis de noter que le financement de l’Agriculture en général et des femmes en particulier reste le principal de sa modernisation donc de sa durabilité. En effet, les banques et les institutions de microfinances recherchent le maximum de garantie pour octroyer un  crédit aux productrices cela à cause d’un problème de garantie à tort ou à raison. Parler de garantie à une femme rurale pour avoir un crédit agricole équivaut à dire que les femmes n’ont pas droit aux crédits.

Les principaux défis à l’égalité des sexes dans le financement de l’agriculture sont :

• Le manque d’information sur les impacts d’une ligne de crédit sur leur activité;
• Le faible niveau d’alphabétisation et post-alphabétisation (formation des femmes sur la mise en œuvre de leur activité);
• La faible implication des femmes dans les structures de décisions et leur absence aux instances des organisations paysannes
• La problématique de la garantie à apporter par les femmes ;
• L’accès difficile de la terre pour les femmes ;
• Le manque de main d’œuvre pour l’exécution des travaux ;
•  Le manque de temps et la reconnaissance de leur statut d’agricultrice
• L’absence de ressources financières et d’équipements ;
• Absence de conseils appropriés et spécifiques à l’endroit des femmes ;
• La mentalité « les femmes travaillant dans les exploitations agricoles ont été vues comme des femmes d’agriculteurs et non comme des agricultrices à part entière »
• Etc.

Les mécanismes de financement qui pourraient utilisés avec succès pour lutter contre l’inégalité des sexes aux financements de l’agriculture :
Les principaux mécanismes à envisager sont :

• L’alphabétisation et la post-alphabétisation des femmes sur les activités agricoles (formation) par exemple : l’émergence des centres de formation d’éducation non formelle où l’alphabétisation constitue le tronc commun de l’école et la spécialisation se fera avec le regroupement des stagiaires par groupe homogène d’activité : maraichages, piscicultures, avicultures, production végétales, arboricultures..). les formations se font en inter-campagne (trois mois maximum) sanctionnée d’attestation et la saison hivernale est mise à  profit pour la mise en œuvre des activités sur le terrain. Le recyclage se fera la campagne suivante. Ce mécanisme est un moyen de lutte contre même l’émigration à travers la lutte contre le chômage et la pauvreté.
• L’implication des femmes dans les structures des organisations paysannes (associations, coopératives….) à travers les chefs d’exploitation
• La participation effective des femmes aux différentes instances de ces organisations paysannes ;
• La reconnaissance du statut des femmes agricultrices ;
• Le renforcement de capacité organisationnelle des femmes (calendrier de travail) ;
•  Le conseil à l’exploitation familiale (CEF) comme un des outils de vulgarisation agricole ;
• La valorisation des produits agricoles à travers la mise en place des chaines de valeur organisées ce qui facilitera l’ouverture de ligne de crédit qui sera garantie par un mécanisme de commercialisation organisée et innovante des produits agricoles exemple : remboursement des crédits agricoles en nature);
• La mise en route des systèmes de production agricole intégrée (production agricole et institution de microfinance intégrées) avec la mise en place d’un système d’assurance récolte…

En conclusion, l’éveil de conscience et le renforcement des capacités à tous les niveaux et particulièrement des femmes est un préalable à la lutte contre l’inégalité des sexes dans le financement des activités agricoles. Une femme bien informée, bien formée et bien équipée pourra présenter un plan d’affaire bancable et pourra bien discuter avec les hommes pour la mise en œuvre de ses activités.

L’expérience a toujours montré que les femmes sont plus crédibles en matière de remboursement du crédit que nous les hommes.